Les fileuses, la porte et le messager

Parfum de légende, fragments d’une mythologie rêvée : le spectacle s’ouvre sur l’évocation d’un récit antique et fondateur… Avant de sauter dans le passé récent, les souvenirs vécus, les ruptures marquantes comme peut l’être un déménagement. Ou comment le présent est habité par différentes strates du passé, transmises délibérément ou héritées involontairement, proches ou lointaines, oubliées ou récurrentes, conservées ou provisoirement égarées.

Pour cette nouvelle expédition en exploration poétique de la scène, le Théâtre de l’Esquisse tente donc de s’aventurer dans les plis du temps, dans les arabesques parfois déconcertantes de ses figures, entre éternel retour et fugacité insaisissable, parsemées de coïncidences hasardeuses ou attendues, de personnages qui construisent inlassablement et chacun à leur manière ce flux perpétuel. Vers le futur, vers l’inconnu, vers une nouvelle donne ?

Avec la présence dans l’instant des dix comédiens en situation de handicap mental qui constituent la compagnie, ce fil rouge de la transmission, de l’héritage, du bagage que nous emportons pour avancer s’est progressivement imposé. Si bien que cette forme de quête – un peu improbable au départ – a pris au cours des ateliers de création une force d’évidence ludique, de jeu au sens plein. Une aventure théâtrale tout à la fois intense et ouverte, animée d’énergies singulières, habitée de personnages drôles ou étranges, souvent généreux et toujours attachants.